Témoignages

Une prise en charge dans les meilleures conditions possibles

Vétyver est une unité « modèle » dont la vocation est d’accueillir et de prendre en charge les patients et leur famille dans les meilleures conditions possibles au sein d’un lieu unique en son genre à La Réunion. Pour y parvenir, nous avons tissé des partenariats au niveau local et national et nous travaillons en filière. Notre équipe pluridisciplinaire peut également compter sur l’appui technique du centre de rééducation fonctionnelle Ylang-Ylang, situé tout à côté.

L’unité Vétyver est un lieu de soins et de vie réservé à des patients EVC et EPR nécessitant beaucoup d’attention et qui sont pour la plupart dans un état de dépendance complète. Nous leur prodiguons les soins techniques et de nursing pour subvenir à leurs besoins fondamentaux (respirer, s’alimenter, se mobiliser…) et nous prévenons toutes complications liées à leur état de fragilité extrême. Nous développons également une prise en charge différente, en proposant une stimulation sensorielle des cinq sens : salle Snoezelen, Nursing-Touch, atelier odeur, sons et musique.

On parle d’État Végétatif Chronique (EVC) lorsque la situation dure depuis 1 an après un traumatisme crânien ; ce délai est raccourci à 3 ou 4 mois si l’origine est médicale (anoxie cérébrale). L’État Pauci Relationnel (EPR) se distingue par l’existence de signes traduisant une perception de ce qui se passe dans l’environnement. Si le patient devient capable de communiquer de façon interindividuelle, on considère qu’il n’est plus en EPR. Au sein de l’unité Vétyver, nous retenons le concept « d’état avec une absence de preuve de conscience ».

Il nous a fallu du temps pour comprendre que sous le terme EVC, il y avait en fait des états différents : des personnes sans aucune interaction repérable et d’autres chez lesquelles on arrivait à percevoir des réactions appropriées. Cela a conduit à la définition de l’État Pauci-Relationnel (EPR), point important pour les proches qui percevaient déjà ces capacités. Ces réflexions ont conduit à préconiser la création d’unités de proximité dédiées, de petite taille, adossées à des services de soin de suite et de réadaptation, comme c’est le cas de l’unité Vétyver avec le CFR Ylang-Ylang.

J’ai rejoint l’équipe pour organiser la création du service. Nous avons embauché cinq infirmiers et sept aides-soignantes : deux travaillaient en métropole dans des services similaires, les autres ont été recrutés localement. Tous ont déjà eu affaire à des patients très dépendants et ont une expérience en soins palliatifs. Quand j’expliquais aux futurs salariés qu’il s’agissait du premier centre réunionnais, je voyais des étoiles dans leurs yeux. Nous sommes tous fiers de participer à une telle création.

Thomas était en BTS quand il a eu son accident en jouant au ballon avec des amis. Arrivée en métropole quatre jours plus tard, je me suis battue pour garder mon fils. Après la réanimation, il a été transporté dans le service rééducation de l’hôpital de Compiègne. J’ai fait des pieds et des mains pour trouver une maison d’accueil spécialisée. Finalement huit mois plus tard, il a été admis dans une unité EVC-EPR qui ouvrait dans le Val d’Oise. Depuis, j’alterne trois mois en métropole et trois mois ici. C’est très compliqué, très onéreux et très éprouvant émotionnellement. Quand j’ai appris qu’une unité s’ouvrait à La Réunion je n’ai pas hésité une seconde. Je suis tellement heureuse. C’est positif pour Thomas et pour moi. Nous serons dans un cadre plus agréable et moins hostile. Je serai plus forte pour gérer ma famille et lui ne subira plus mes absences.